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Affichage des articles associés au libellé Jean Noël

Jean Noël : Éditorial : Psychanalyste, art et politique article – De la parole performative – Think tank de la Fondation Mercure

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  Les fondations Mercure ont pour vocation de développer des ateliers de réflexion et de discussion autour d’une thématique dont l’énonciation s’avère féconde. Ici, le think tank proposé tourne autour de trois pôles : Psychanalyse, Art et Politique. Tant dans la parole de l’analysant que de l’analyste, ou encore dans le geste de l’artiste ou encore dans la parole du politique, dire c’est faire : une parole juste dans la cure a des effets de guérison dans le corps, une parole juste dans l’hémicycle de parlementaires peut provoquer des changements dans la société, le geste juste d’un artiste change notre manière de percevoir le monde. Le texte ci-dessous propose de balayer le terrain avant toute investigation : inutile de revenir sur de vieilles polémiques stériles, il s’agit de se pencher sur ce que c’est « qu’une parole juste », tant chez l’artiste, le politique ou le psychanalyste pour s’autoriser, peut-être, de se donner les moyens de changer le monde ! Pour faire partie de ce think

Jean Noël : Éditorial : La joie, au travers…

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  Il ne s’agit pas du bonheur, ou encore du souverain bien qu’Emmanuel Kant décrivait comme le bonheur à hauteur de la justice, c’est-à-dire un bonheur qui vient par surcroît d’une action juste, ou encore d’un bonheur qui peut faire l’objet de l’espérance d’un juste qui ne le connaît pas encore… Non, je parle de joie, de celle-là même, toute spirituelle, qui fait sourire, rire, chanter, danser quelles que soient les circonstances, une flamme qui paraît éternelle, légère, inaliénable, relative au simple fait d’être vivant… Et être vivant cela ferait sourire ? Qu’en est-il de cette joie dans un monde triste ? Triste comme la mort, la mort partout: nous vivons sur un empilement de cadavres accumulé de générations en générations au cours des siècles, nous vivons dans les rues de Bruxelles où la misère extrême nous saisit à la gorge quand on marche à côté de corps endormis ou enivrés roulés dans des couvertures crasseuses se protégeant du froid dans un sommeil de désolation, quand les bombe

Jean Noël : Quand la machine s’éveillera d’André Soleau

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  « Quand la machine s’éveillera » d’André SOLEAU aux Éditions Nord Avril J’aime ce texte. D’emblée, il me replonge dans le pays de mon enfance, celui de ma mère de Cambrai (Boussières-en-Cambrésis, pour être précis), au sud du village d’Ecquedecque, village du protagoniste de ce roman.  Pour le dire autrement, c’est « ach nord », comme nous le décrit l’auteur : d’immenses plaines légèrement vallonnées recouvertes de blé ou de feuilles de betterave en été et en hiver des étendues désertes dont la terre labourée se cristallise en mottes givrées, où le vent frais vous emplit d’une ambiance minérale, propice, finalement, à gagner en spiritualité. Alors que la ville de mon cœur reste Bruxelles, revenir en terre flamande-française me fait gagner en vigilance quant à la nature de ce que l’auteur nous dit. Etienne, homme s’approchant des soixante-dix ans, est un vieux râleur qui ne veut plus aucune aide, et qui n’en a cure de la démission de sa fille qui ne veut plus le soutenir et le laisse,

Jean Noël : Éditorial : Jalousie

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  René Girard nous a éclairé l’esprit en parlant du désir mimétique propre à l’homme. En cela, cet anthropologue philosophe, Français et  professeur à Stanford, décédé en 2015, était d’un grand secours pour traiter de la jalousie humaine et nous offrait une clef anthropologique pour comprendre la violence et le religieux. L’homme ne connaît pas l’objet de son désir. Cela se vérifie chez le petit d’homme. Mettez deux enfants en bas âge l’un à côté de l’autre, déposez deux jouets (exactement les mêmes), vous constaterez que la dispute viendra très vite entre les deux bambins : ce n’est pas tant l’objet en tant que tel qui intéresse l’enfant, c’est l’objet qui fait l’objet du désir de l’autre qui excite la convoitise. C’est parce que l’un des deux enfants a choisi un de ces deux jouets (pourtant identiques) que l’autre veut s’en approprier (délaissant le jouet qui lui était initialement destiné). Cette expérience, souvent répétée par les psychologues, nous montre que le désir est toujours

Jean Noël : « Les vertueux » de Yasmina Khadra

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  Yasmina Khadra est l’un de ces écrivains courageux qui a défié la censure militaire de son pays pour produire ses fictions en portant un regard sans complaisance tant sur son pays (l’Algérie) que sur les régimes militaires qui l’ont gouverné… Yasmina, en fait, est un homme (pour ceux qui l’ignorent).   Son   vrai nom,   Mohammed Moulessehoul,   est d’abord un militaire qui jouit de sa retraite anticipée pour se lancer dans une carrière littéraire et cela depuis 25 ans. Nombreux livres, nombreux succès, ce n’est pas un inconnu. Il porte les prénoms de son épouse qui lui dira qu’elle lui donne ses prénoms pour la postérité comme lui a donné son nom par amour. Ecrire sur pseudo est quasi une nécessité dans l’Algérie du GIA qui terrorise à l’époque comme tous les fous de Dieu. Yasmina Khadra dépeint un pays et une population tourmentée, attachante, aux prises avec les maux du siècle (terrorisme, extrémisme religieux, psychose du sujet aux prises avec le malheur et la persécution) . Mais

Jean Noël : Éditorial : Le mal

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Dans mon roman,  la Colère de Dieu , il en est question d’emblée : le mal radical, le geste par-delà le bien et le mal. Les principaux protagonistes sont à la lutte dans ses rets. En cela, leur courage donne le tempo du texte et de l’intrigue. Revenons-y de manière plus formelle. En philosophie traditionnelle, le mal métaphysique est relatif à la finitude humaine : nous ne sommes individuellement « pas tout » (et même collectivement), notre vie est limitée dans le temps et dans l’espace, notre horizon est la mort, notre corps est limité dans sa puissance et sa santé. Le mal physique découle du premier : la souffrance, la maladie, la fragilité par rapport aux agressions extérieures et intérieures… Le mal moral, par contre, incombe à l’homme en tant qu’homme : pour Kant, le mal moral devient diabolique quand le sujet le fait délibérément pour le mal…Le mal moral n’est pas encore diabolique quand il se subordonne à un bien conséquemment à l’action immorale qu’on subit, ou bien quand il se

Jean Noël : Éditorial : Être père

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  Être père n’est pas vraiment une sinécure, de nos jours. D’une part, on a de cesse de dire que les hommes sont des déserteurs, pour la plupart, dans cette fonction, et d’autre part que les temps sont à la lutte contre le patriarcat sous toute ses formes, patriarcat qui nous aurait « oppressé » depuis 6000 ans… Sans se douter une seule seconde que la deuxième assertion participe à renforcer la première assertion, qu’en ces temps, celui qui affiche des velléités d’assumer sa paternité se reçoit régulièrement une volée de bois vert en statuant du fait qu’il incarne une figure archaïque de la famille, figure qui nous fait répéter l’idée d’un père abuseur dans sa puissance et occupant une position hiérarchiquement enviable mais toujours-déjà arbitraire. Ce qui incite, finalement, les hommes à déserter la fonction… et ça tourne en rond… Remarquez, ce n’est pas parce que les tâches familiales sont partagées plus équitablement (ménage, enfants, etc.) qu’il y a chute dans la fonction paternel

Jean Noël : « Légende » de Philippe SOLLERS (Folio 7053)

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Que nous dit encore ce roman de Sollers ? Que nous veut cet homme de plus de 85 ans, dont le texte, écrit en 2021, n’est encore que l’antépénultième… Car la pulsion de vie de ce bougre de Philippe est drôlement prolifique, voilà un homme qui dépasse la vitesse de la lumière dans l’écriture : à peine entame-t-on son dernier livre qu’il en sort déjà un nouveau. En fait, je crois que notre héros est habité par Dionysos, il peut très sérieusement prétendre à l’immortalité. Je pense qu’il garde en secret cette ambition : « je ne cherche pas l’espace-temps, c’est lui qui me trouve. Il me fait voir, pour la première fois, un objet que j’ai habituellement sous les yeux, ce stylo par exemple. J’ai entendu mille fois cet air, mais c’est seulement maintenant qu’il me parle, ce loquet de porte que je touche dix fois par jour, se met à vibrer dans sa faïence. Les habitants de l’ancien espace et de l’ancien temps m’apparaissent parqués, comme des somnambules »… Et qu’en est-il donc de Sollers qui p

Jean Noël : Éditorial : Qu’est-ce qu’être noble aujourd’hui ?

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Nietzsche nous a habitué dans Par-delà le Bien et le Mal autant que dans sa Généalogie de la Morale à ne jamais se contenter d’une lecture première des valeurs que nous arborons avec fierté, comme si elles étaient constitutives de notre identité et de la valeur assignée à notre personne. Le penseur déplie tout cela pour montrer qu’en réalité, ces valeurs sont souvent le fruit d’une histoire qui se trame dans une lutte de pouvoirs. Il en fait la généalogie : d’où viennent ces valeurs, quelle en est la hiérarchie, pourquoi certaines de ces valeurs expriment aujourd’hui exactement le contraire de ce qu’elles exprimaient préalablement ? Etc. C’est en cela que son diagnostic est absolument sans complaisance, qu’il nous affirme tout de go que ces valeurs qui font aujourd’hui l’orgueil de la plupart de nos contemporains ne sont en réalité que des « anti-valeurs » posées réactivement contre des valeurs de l’antique noblesse (celle des Grecs, en l’occurrence). « L’homme noble possède le sentime

Jean Noël : « CEnTaURE » de Valéry Meynadier

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« CEnTaURE » (Une vie morcelée) de Valéry Meynadier aux éditions Chèvrefeuille étoilée Il y a des textes qui sont terribles mais qui se lisent comme du petit lait pour celles ou ceux qui n’ont pas froid aux yeux… Quand j’ai lu les critiques sur Babelio, hormis l’un ou l’autre commentaire avantageux, je me dis que les lecteurs, de nos jours, sont tout de même de petites natures. Il ne faut pas être une petite nature pour lire Meynadier, parce que c’est à cette condition-là, et uniquement à cette condition que l’on entend la petite musique mozartienne, le rythme joyeux, oui, je dis bien joyeux, d’une plume qui n’a pas non plus peur d’elle-même. Valéry sauve le monde dans toute son horreur par les mots et l’écriture. C’est bluffant ! Et même les formules horrifiantes qui viennent çà et là en sont presque drôles tellement elles relèvent d’une réelle virtuosité d’écrivaine : « Elle a du psoriasis dans les cheveux et parfois, ça Gratte, alors elle s’enduit d’une potion puante, à base De puna

Jean Noël : Éditorial : Où en sont les femmes ?

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  Mon roman, dès le neuvième chapitre, emporte un philosophe (German, pour ne pas le citer) dans une quête très singulière, et cela à l’issue d’une expérience traumatisante (que je ne vais pas décrire ici, après tout, cher lecteur, s’il vous reste à  lire mon roman, achetez-le !) Pourquoi, dans toutes les civilisations, la femme est perçue comme « seconde en humanité « ?  Eve est accouchée de la côte d’Adam ! Un comble ! La femme n’a accès aux responsabilités politiques depuis moins d’un siècle, les femmes, pour la plupart d’entre elles, ont encore peur de leur mari et de ses violences, des petites filles nourrissons sont encore abandonnées voire assassinées en Chine, les Afghanes sont mises dans des sacs, les Indiennes font l’objet de violences et de discriminations, des Pakistanaises sont victimes de crimes d’honneur et les petites Egyptiennes sont encore excisées par millions ! Et les guerres passent par des viols collectifs au Kivu (Congo) ou en Ukraine. Quand vous y regardez de pl

Jean Noël : « Il faut savoir choisir son chant » de David GIANNONI

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  « Il faut savoir choisir son chant » de David GIANNONI aux éditions Maelström Ré-evolution Il est question d’être aux prises avec un maître haï Mais de n’avoir de cesse que de reprendre langue avec lui Il est question d’expir et d’inspir De se laisser respirer comme pour éprouver la seule garantie d’une existence qui se donne Car le texte de David nous conduit la frontière du néant Comme pour mieux se laisser happer par la violence de l’être Oui, c’est cela, la poésie est un exercice de dépouillement Pour qu’au bout de l’exercice Des mots aussi simples que ; « Deux chats mangent dans une gamelle, quatre araignées tissent leurs toiles, un enfant joue avec sa mère, deux témoins rient », ont quasiment plus de réalité que les chats, les araignées, l’enfant et sa mère, les témoins. Il est question aussi d’un nouveau maître, dont les nouveaux rituels bousculent les anciens, dans le mécontentement de ceux qui ne veulent rien changer, maître qui finalement se plie tel le roseau, et fuit dans

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