Articles

Affichage des articles associés au libellé Mes lectures

Jean Noël : Quand la machine s’éveillera d’André Soleau

Image
  « Quand la machine s’éveillera » d’André SOLEAU aux Éditions Nord Avril J’aime ce texte. D’emblée, il me replonge dans le pays de mon enfance, celui de ma mère de Cambrai (Boussières-en-Cambrésis, pour être précis), au sud du village d’Ecquedecque, village du protagoniste de ce roman.  Pour le dire autrement, c’est « ach nord », comme nous le décrit l’auteur : d’immenses plaines légèrement vallonnées recouvertes de blé ou de feuilles de betterave en été et en hiver des étendues désertes dont la terre labourée se cristallise en mottes givrées, où le vent frais vous emplit d’une ambiance minérale, propice, finalement, à gagner en spiritualité. Alors que la ville de mon cœur reste Bruxelles, revenir en terre flamande-française me fait gagner en vigilance quant à la nature de ce que l’auteur nous dit. Etienne, homme s’approchant des soixante-dix ans, est un vieux râleur qui ne veut plus aucune aide, et qui n’en a cure de la démission de sa fille qui ne veut plus le soutenir et le laisse,

Jean Noël : « Les vertueux » de Yasmina Khadra

Image
  Yasmina Khadra est l’un de ces écrivains courageux qui a défié la censure militaire de son pays pour produire ses fictions en portant un regard sans complaisance tant sur son pays (l’Algérie) que sur les régimes militaires qui l’ont gouverné… Yasmina, en fait, est un homme (pour ceux qui l’ignorent).   Son   vrai nom,   Mohammed Moulessehoul,   est d’abord un militaire qui jouit de sa retraite anticipée pour se lancer dans une carrière littéraire et cela depuis 25 ans. Nombreux livres, nombreux succès, ce n’est pas un inconnu. Il porte les prénoms de son épouse qui lui dira qu’elle lui donne ses prénoms pour la postérité comme lui a donné son nom par amour. Ecrire sur pseudo est quasi une nécessité dans l’Algérie du GIA qui terrorise à l’époque comme tous les fous de Dieu. Yasmina Khadra dépeint un pays et une population tourmentée, attachante, aux prises avec les maux du siècle (terrorisme, extrémisme religieux, psychose du sujet aux prises avec le malheur et la persécution) . Mais

Jean Noël : « Légende » de Philippe SOLLERS (Folio 7053)

Image
Que nous dit encore ce roman de Sollers ? Que nous veut cet homme de plus de 85 ans, dont le texte, écrit en 2021, n’est encore que l’antépénultième… Car la pulsion de vie de ce bougre de Philippe est drôlement prolifique, voilà un homme qui dépasse la vitesse de la lumière dans l’écriture : à peine entame-t-on son dernier livre qu’il en sort déjà un nouveau. En fait, je crois que notre héros est habité par Dionysos, il peut très sérieusement prétendre à l’immortalité. Je pense qu’il garde en secret cette ambition : « je ne cherche pas l’espace-temps, c’est lui qui me trouve. Il me fait voir, pour la première fois, un objet que j’ai habituellement sous les yeux, ce stylo par exemple. J’ai entendu mille fois cet air, mais c’est seulement maintenant qu’il me parle, ce loquet de porte que je touche dix fois par jour, se met à vibrer dans sa faïence. Les habitants de l’ancien espace et de l’ancien temps m’apparaissent parqués, comme des somnambules »… Et qu’en est-il donc de Sollers qui p

Jean Noël : « CEnTaURE » de Valéry Meynadier

Image
« CEnTaURE » (Une vie morcelée) de Valéry Meynadier aux éditions Chèvrefeuille étoilée Il y a des textes qui sont terribles mais qui se lisent comme du petit lait pour celles ou ceux qui n’ont pas froid aux yeux… Quand j’ai lu les critiques sur Babelio, hormis l’un ou l’autre commentaire avantageux, je me dis que les lecteurs, de nos jours, sont tout de même de petites natures. Il ne faut pas être une petite nature pour lire Meynadier, parce que c’est à cette condition-là, et uniquement à cette condition que l’on entend la petite musique mozartienne, le rythme joyeux, oui, je dis bien joyeux, d’une plume qui n’a pas non plus peur d’elle-même. Valéry sauve le monde dans toute son horreur par les mots et l’écriture. C’est bluffant ! Et même les formules horrifiantes qui viennent çà et là en sont presque drôles tellement elles relèvent d’une réelle virtuosité d’écrivaine : « Elle a du psoriasis dans les cheveux et parfois, ça Gratte, alors elle s’enduit d’une potion puante, à base De puna

Jean Noël : « Il faut savoir choisir son chant » de David GIANNONI

Image
  « Il faut savoir choisir son chant » de David GIANNONI aux éditions Maelström Ré-evolution Il est question d’être aux prises avec un maître haï Mais de n’avoir de cesse que de reprendre langue avec lui Il est question d’expir et d’inspir De se laisser respirer comme pour éprouver la seule garantie d’une existence qui se donne Car le texte de David nous conduit la frontière du néant Comme pour mieux se laisser happer par la violence de l’être Oui, c’est cela, la poésie est un exercice de dépouillement Pour qu’au bout de l’exercice Des mots aussi simples que ; « Deux chats mangent dans une gamelle, quatre araignées tissent leurs toiles, un enfant joue avec sa mère, deux témoins rient », ont quasiment plus de réalité que les chats, les araignées, l’enfant et sa mère, les témoins. Il est question aussi d’un nouveau maître, dont les nouveaux rituels bousculent les anciens, dans le mécontentement de ceux qui ne veulent rien changer, maître qui finalement se plie tel le roseau, et fuit dans

Jean Noël : « Les échos du silence » d’Alain Valet

Image
« Les échos du silence » d’Alain Valet, aux Editions Maelström Révolution, collection City Lignt. 50 petites pages pour trois euros. En fait, c’est pas cher pour beaucoup, tant on y revient sur ce texte épuré, cette poésie qui ne s’embarrasse de rien d’autre que d’elle-même, en quelques traits de lumière. « Quelque part, une femme dans un cocon, le soleil l’embrasse, elle frétille, le soleil sourit, elle s’allume comme un ver luisant » Où la nature, décrite souvent âpre, sèche, minérale, propice à la recherche de « quelque souvenir au bord de la mémoire et de l’oubli », s’éveille, foisonnante, lumineuse, lorsque pointe le désir…  Mais un désir sans objet, nu, avide… Et puis il y a aussi l’évènement du féminin. Au détour d’une quête sans objet, « où l’on n’est plus qu’une terre, un sol, une lande rase, désertique », l’émotion est forte lorsque : « Je ne sais qui est cette femme, elle marche dans mes cendres, et cependant le bruit de ses pas résonne comme si elle sautait dans des flaques

Posts les plus consultés de ce blog

Jean Noël : Éditorial : Être père

La page d'Alexandre : Un essai de critique des interventions de Monsieur Alain Didier-Weill lors du Séminaire lacanien de 1979 intitulé "La topologie et le temps."

Jean Noël : « Il faut savoir choisir son chant » de David GIANNONI