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Jean Noël : Éditorial : Jalousie

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  René Girard nous a éclairé l’esprit en parlant du désir mimétique propre à l’homme. En cela, cet anthropologue philosophe, Français et  professeur à Stanford, décédé en 2015, était d’un grand secours pour traiter de la jalousie humaine et nous offrait une clef anthropologique pour comprendre la violence et le religieux. L’homme ne connaît pas l’objet de son désir. Cela se vérifie chez le petit d’homme. Mettez deux enfants en bas âge l’un à côté de l’autre, déposez deux jouets (exactement les mêmes), vous constaterez que la dispute viendra très vite entre les deux bambins : ce n’est pas tant l’objet en tant que tel qui intéresse l’enfant, c’est l’objet qui fait l’objet du désir de l’autre qui excite la convoitise. C’est parce que l’un des deux enfants a choisi un de ces deux jouets (pourtant identiques) que l’autre veut s’en approprier (délaissant le jouet qui lui était initialement destiné). Cette expérience, souvent répétée par les psychologues, nous montre que le désir est toujours

La page d'Alexandre : Qu’est-ce que la perversion ? Portrait analytique

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  Alors que le psychotique tente désespérément de restaurer son Je dans la sublime unité primordiale d’ avec l’ objet perdu du désir, le pervers, quant à lui, ne se pose pas dans cette tentative de restauration interne : il vise plutôt une restauration externe. La structure perverse se pense à partir de son image. Le pervers ne se regarde pas dans un miroir : il regarde son image et non pas lui. Pour être plus précis, c’ est son image qui le regarde. Là où le psychotique peut, dans certains cas cliniques, ne pas voir son image dans un miroir (à l’ instar du personnage central de la nouvelle de Maupassant intitulée « Le Horla »), le pervers ne voit pas son Je mais confond son image avec celui-ci. Voilà l’ essence du drame. Or, en aucune façon on ne peut être son image. Le Je et son reflet spéculaire sont bien deux réalités distinctes de coordonnées spatiales différentes et, bien sûr, deux n’ égale pas un. Du grec ancien « eidolôn », l’ image du pervers, posée comme centre, le structure

Jean Noël : « Les vertueux » de Yasmina Khadra

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  Yasmina Khadra est l’un de ces écrivains courageux qui a défié la censure militaire de son pays pour produire ses fictions en portant un regard sans complaisance tant sur son pays (l’Algérie) que sur les régimes militaires qui l’ont gouverné… Yasmina, en fait, est un homme (pour ceux qui l’ignorent).   Son   vrai nom,   Mohammed Moulessehoul,   est d’abord un militaire qui jouit de sa retraite anticipée pour se lancer dans une carrière littéraire et cela depuis 25 ans. Nombreux livres, nombreux succès, ce n’est pas un inconnu. Il porte les prénoms de son épouse qui lui dira qu’elle lui donne ses prénoms pour la postérité comme lui a donné son nom par amour. Ecrire sur pseudo est quasi une nécessité dans l’Algérie du GIA qui terrorise à l’époque comme tous les fous de Dieu. Yasmina Khadra dépeint un pays et une population tourmentée, attachante, aux prises avec les maux du siècle (terrorisme, extrémisme religieux, psychose du sujet aux prises avec le malheur et la persécution) . Mais

Jean Noël : Éditorial : Le mal

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Dans mon roman,  la Colère de Dieu , il en est question d’emblée : le mal radical, le geste par-delà le bien et le mal. Les principaux protagonistes sont à la lutte dans ses rets. En cela, leur courage donne le tempo du texte et de l’intrigue. Revenons-y de manière plus formelle. En philosophie traditionnelle, le mal métaphysique est relatif à la finitude humaine : nous ne sommes individuellement « pas tout » (et même collectivement), notre vie est limitée dans le temps et dans l’espace, notre horizon est la mort, notre corps est limité dans sa puissance et sa santé. Le mal physique découle du premier : la souffrance, la maladie, la fragilité par rapport aux agressions extérieures et intérieures… Le mal moral, par contre, incombe à l’homme en tant qu’homme : pour Kant, le mal moral devient diabolique quand le sujet le fait délibérément pour le mal…Le mal moral n’est pas encore diabolique quand il se subordonne à un bien conséquemment à l’action immorale qu’on subit, ou bien quand il se

La page d'Alexandre : Un essai de critique des interventions de Monsieur Alain Didier-Weill lors du Séminaire lacanien de 1979 intitulé "La topologie et le temps."

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J' aimerais ici commenter les interventions que Monsieur Alain Didier-Weill a réalisées au sein du séminaire de Lacan intitulé "La topologie et le temps" lors de l' année académique 1978-1979.  Il est très important d' approfondir la pensée de Monsieur Weill eu égard au fait qu' il est un successeur direct qui a connu Lacan de son vivant .  Afin d' éviter que la psychanalyse lacanienne ne se dissolve dans une glose stérile, il est nécessaire, plus de quarante années après la disparition de Lacan, d' effectuer l' aggiornamento de celle-ci, c' est à dire une  mise au jour  de ce que Monsieur Nasio appelle lui-même ses "concepts fondamentaux". Il est crucial de revenir au texte même de Lacan. En l' occurrence, ce séminaire de 1978-1979 consacré à la topologie est un texte purement lacanien où l' on lit son rapport conceptuel harmonieux avec Monsieur Weill. Ce Séminaire, classé comme étant le vingt-sixième, comporte 11 séances s&#

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